2,8 milliards et virage politique propulsent l’institutionnalisation du bitcoin

Le fil du jour sur les mots-dièse crypto est largement monopolisé par le bitcoin, porté par un mélange de signaux institutionnels et de déclarations tonitruantes. Entre afflux records, clins d’œil politiques et récits de fortune, la conversation évolue à vive allure vers la normalisation — sans dissiper la tension fondatrice entre désintermédiation et bancarisation.

Institutionnalisation accélérée: régulateur, banques et politique s’alignent

Le cap se durcit côté marchés: le rebond de septembre (+7 %) s’accompagne d’afflux dépassant 2,8 milliards de dollars dans les fonds indiciels cotés, tandis que le régulateur américain compresse les délais d’agrément de 240 à 75 jours. Un contexte qui crédibilise la marche vers les 120 000 dollars, même si la question d’une pause technique reste ouverte.

Les institutions ne se contentent plus d’observer. Une grande banque américaine gérant environ 12 000 milliards de dollars lance un service de conservation d’actifs numériques. En Europe, la rumeur d’une exposition de la banque centrale suisse via un véhicule coté fortement corrélé au bitcoin nourrit l’idée d’une adoption discrète mais déterminante.

La politique suit le mouvement: un haut responsable politique évoque une adoption massive, pendant qu’un ancien président encense publiquement le bitcoin. Ensemble, ces signaux installent la cryptomonnaie au cœur du débat public.

Bientôt, cent millions d’Américains détiendront du bitcoin.

C’est une formidable chose pour notre pays.

Récits haussiers: mégaphones, discipline et mythologies

La ferveur est entretenue par des figures de premier plan: le dirigeant d’une grande plateforme cotée prédit un bitcoin à un million de dollars. Ces annonces galvanisent l’appétit au risque, tout en rappelant que les appels publics à des sommets historiques coïncident parfois avec des phases d’exubérance.

À l’inverse du sensationnalisme, l’approche patiente gagne aussi en visibilité: l’initiatrice d’un grand fonds technologique défend le conseil donné à ses enfants d’acheter régulièrement, quel que soit le bruit de marché.

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Enfin, les histoires qui marquent l’imaginaire ne manquent pas: la petite histoire racontée par Eric Trump autour d’un pari colossal suggéré par un entrepreneur emblématique entretient la légende d’un actif capable de changer une trajectoire patrimoniale — et, par ricochet, de nourrir la demande.

Or numérique, confiance et la ligne de fracture banques vs. désintermédiation

La comparaison avec l’or s’invite à nouveau dans le débat, stimulée par un lingot truqué au tungstène présenté comme contre-exemple de fiabilité matérielle.

On peut contrefaire l’or, pas le bitcoin.

Cette narrative de vérifiabilité s’oppose frontalement à la logique de délégation: d’un côté, une déclaration sans détour rappelle l’idéal d’un système sans intermédiaires; de l’autre, l’essor de la conservation en banque et l’attrait des fonds indiciels cotés répondent à la demande de simplicité et de conformité.

Avec le bitcoin, nous n’avons plus besoin des banques.

En filigrane, la journée consacre deux forces qui se renforcent et se contrarient: l’institutionnalisation qui apporte liquidité, cadres et visibilité, et l’éthique originelle qui revendique la souveraineté individuelle. Si le momentum de marché s’appuie sur des soutiens politiques et des capitaux organisés, sa durabilité dépendra de l’équilibre trouvé entre accessibilité grand public et intégrité des principes fondateurs.

Chaque post révèle une part d'humanité. - Maxence Vauclair